Manu Wattecamps Étienne est né le 12 septembre 1987 à Rennes. Un père banquier et une mère au foyer, au centre d’une fratrie de trois garçons, son enfance débute dans un milieu plutôt confortable. Pourtant à partir de l’âge de douze ans, différents événements vont l’entraîner vers des chemins plus aventureux, à la recherche de ses limites et de celles d’une société dans laquelle il se voit de moins en moins évoluer. C’est à cette époque qu’il découvre l’aventure sur les mers à travers les lectures de Janichon, Moitessier ou Slocum. Des ouvrages que tous connaissent et qui ont inspiré à chacun de secrets désirs d’évasion… Mais combiens avaient déjà osé formuler le rêve à voix haute?
Au cours des croisières estivales avec le père, entre l’Ecosse et Gibraltar, des bouffées de liberté et une soif de grands espaces lui nouent parfois la gorge, lorsqu’il sent vivre la mer, accroché à la barre du voilier. Il rêve alors de son propre bateau… Elle s’appellera Chimère, décide-t-il…
« Va à l’école, passe d’abord ton bac. Ça te passera avec l’âge… » Il ne disait rien, continuait de nourrir le rêve au fond de lui. Il prend peu à peu du recul sur la société, se marginalise et peine à s’insérer dans un système scolaire dont il ne supporte pas la rigidité. Entre le début de son collège et l’année de son bac, il usera les bancs de neuf écoles différentes. Pourtant l’année du bac il s’en sort sans problème (hormis un fort absentéisme) et il obtient son diplôme. Un laissez-passer… Une clé, la clé. Celle qui ouvre les portes sur le monde, celle de la Liberté.
Il décide ensuite de faire le pas et d’enfin se donner les moyens de… Partir. A 19 ans, un après-midi de juillet, il appose sa signature sur un acte de vente. Celui de la Chimère. Il travaille encore jusqu’à ses 21 ans, afin de payer la préparation de son prochain voyage. Une boucle autour de l’Atlantique, avec une escale en Amazonie. Comme les Damiens… Et un petit tour à proximité des glaces du Groenland. Comme les Damiens encore…
Sur le chemin qui le ramène de Terre-Neuve jusqu’en Bretagne, une avarie suivie d’une collision avec un pétrolier transformeront la Chimère en véritable épave. Le navire de commerce déposera la carcasse et son marin dans le port d’Amsterdam. Brusque retour dans ce monde qu’il n’était pas bien pressé de retrouver… Le bateau reste là-bas une année, le temps que Manu réunisse la somme suffisante pour le mettre dans un état permettant de le ramener en Bretagne, pour des réparations plus définitives. Il essaiera de nombreuses casquettes et découvrira quelques métiers avant de se trouver suffisamment riche pour mettre sa belle Chimère à neuf. C’est en Juillet 2011 qu’il repart, à 24 ans, pour un tour du monde par des endroits mythiques comme le Cap Horn, la Patagonie ou encore les îles Marquises. Il quitte alors la France brisé, les deux majeurs levés vers on ne sait vraiment qui. Ces deux dernières années furent pour lui une épreuve difficile et la seule solution pour se relever sera de quitter précipitamment le port de Perros-Guirec, avant que ses démons n’aient raison de lui.
Au fil de ses expériences et de ses rencontres, il commence à attiser la curiosité des hommes de Terre autant que des marins. Ouest France, puis Voiles et Voiliers se penchent sur son histoire, lui donnant ainsi la possibilité de partager ses navigations solitaires à travers quelques articles qu’il écrit. RFO de Saint Pierre et Miquelon, Thalassa et d’autres organismes encore, vont jusqu’à glisser leur caméra à bord de la Chimère pour faire sentir davantage encore au public cette réalité peu connue. En prenant conscience de ce besoin qu’il a de partager ses aventures, Manu choisit de raconter ses expériences en les couchant sur le papier. Et l’écriture devient pour lui un exutoire.
En 2013 il termine de boucler son tour du monde en avion, car à Hong Kong la Chimère est vendue à un acheteur qui lui fait une très bonne offre. Mais en 2014 Manu repart à bord de sa deuxième chimère, un Glénans 33, pour se lancer dans le passage du Nord Ouest. En sortant du passage, le 20 octobre 2015, à 400 milles au large de Cold Bay (Alaska) son bateau est pris par des vagues déferlantes qui le font chavirer à plusieurs reprises. Avec une voie d’eau par le tube de jaumière et une panne de safran, le bateau est condamné: Manu déclenche alors sa radiobalise. Le sauvetage, par 40 noeuds de vent et creux de 6/7 mètres, est filmé par les US Coast Guards et la vidéo rediffusée sur internet. Le cas devient encore plus fameux car Manu arrive a sauver aussi son petit chat, Pipalup. (Voire l’interview dans laquelle il raconte cet épisode)
Sans un sou, et veuf de son bateau, le jeune breton lance sa première campagne de financement participatif, avec laquelle il reçoit une belle somme, presque 8.000 €. C’est déjà une bonne base pour recommencer: rentré du Canada, il est tout de suite embauché comme serveur dans un bar, et après comme aide-cuisinier dans un restaurant au Crouesty, tandis qu’il cherche, achète et retape un nouveau voilier…
Grâce à sa grande résilience, et au soutien de nombreux amis et admirateurs, au but d’un an Manu repart déjà à bord de son nouveau bateau, La Céleste, un prototype de régate en aluminium âgé de presque 50 ans. Il n’a même pas de quoi se payer un enrouleur de genoa, mais dans les équipets, il amène avec lui plusieurs copies de son premier récit, Le vent l’emportera, finalement publié par L’Alliance Éditions Pirates. La vente du livre sur les pontons et par internet constitue maintenant un petit revenu pour ce marin spartiate et toujours démuni.
Avec la Céleste, il commence par un aller-retour au Cap de Bonne-Espérance (2016/2017) avant d’attaquer un sérieux chantier de préparation du bateau pour l’épreuve la plus ambitieuse qu’un marin et son bateau puissent envisager: un tour du monde en solitaire, sans escales et sans assistance, dans le cadre de La Longue route 2018, la course commémorative dédiée à Bernard Moitessier dans le cinquantenaire de la première Golden Globe.
Pour préparer le vieux bateau à une telle épreuve (10 mois de mer d’affilé), Manu aura besoin encore une fois d’une grosse aide économique: c’est pour ça qu’il cherche des sponsors qui souhaitent le soutenir, et qu’il vient de lancer une nouvelle campagne de crowfounding.
(Les photos de cette page sont à Manu Wattecamps Étienne, et ne peuvent être utilisées ailleurs sans son permis. Vous pouvez le contacter et suivre ses aventures à travers de sa page FeisBuc: https://www.facebook.com/wattecamps1)